AL HAYAT - À La Réunion, le chikungunya frappe fort et vite

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À La Réunion, le chikungunya frappe fort et vite
À La Réunion, le chikungunya frappe fort et vite / Photo: Valery HACHE - AFP/Archives

À La Réunion, le chikungunya frappe fort et vite

"C'est forcément le +moustique alpha+ du chikungunya qui m'a piqué: un simple moustique n'aurait pas pu terrasser un gars de 94 kg comme moi", lance Fredo Delmotte, 56 ans, professeur d'EPS dans un collège de La Possession, dans l'ouest de La Réunion.

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Sur l'île de l'océan Indien, l'épidémie continue de faire des ravages. Du 24 au 30 mars, 6.289 cas ont été confirmés, selon le dernier bulletin de Santé publique France, portant à 27.521 le nombre de cas totaux.

Fièvre, douleurs articulaires, maux de tête, éruptions cutanées: les symptômes sont variés, souvent brutaux.

"Les premiers signes se sont manifestés mercredi", raconte à l'AFP Fredo Delmotte, également directeur sportif d'un club de natation. La maladie atteint son pic le lendemain. "La fièvre est montée à 39,7. Tous les mouvements déclenchaient une douleur. Marcher était un véritable problème", relate-t-il.

Beaucoup de malades décrivent un déclenchement fulgurant.

"Je me suis réveillée le dimanche avec une douleur intense au poignet, comme s'il était cassé", témoigne Valérie Sicre, 49 ans, community manager à Sainte-Suzanne (est).

La fièvre et les douleurs articulaires sont apparues peu de temps après. Puis sont venus les maux de tête et une fatigue intense. "J'en suis tombée par terre, mon compagnon a dû me relever", se rappelle-t-elle.

La fièvre a rapidement été remplacée par une "éruption cutanée qui allait de mes oreilles à mes orteils. Ça me brûlait", explique encore Valérie Sicre.

Face à ces symptômes, Fredo Delmotte consulte rapidement. "Elle ne m'a pas ausculté. Elle m'a dit +C'est le chikungunya, prenez du paracétamol+", raconte le colosse, qui se voit délivrer un arrêt maladie de huit jours. "Je n'ai pris que deux jours pour ne pas pénaliser mes collègues", raconte-t-il encore.

Les réactions au virus varient selon les malades. Fredo Delmotte dit avoir commencé à aller mieux vendredi, deux jours après les premiers symptômes. "Mais je suis toujours essoufflé. J'ai aussi l'impression de devoir réapprendre à marcher", confie-t-il.

- 41,2°C de fièvre -

Valérie Sicre, elle, se "remet à peine des effets du virus" huit jours après l'apparition de la maladie.

Selon les données de Santé Publique France, les tranches d'âge les plus affectées sont les 45-59 ans, suivies des 60-75 ans et des 30-44 ans.

Mais les enfants peuvent aussi être contaminés.

"Vendredi soir, Aline, ma fille de 10 ans, a eu une fièvre à 41,2°C et des éruptions sur tout le corps, avec de grosses démangeaisons", raconte Sandra, une habitante du Port (ouest) qui ne souhaite donner que son prénom.

La mère de famille est d'autant plus surprise qu'Aline "a eu le chikungunya il y a 15 jours, je la pensais guérie".

Le médecin évoque une rechute. "Il m'a dit qu'on ne pouvait pas se considérer comme guéri avant trois semaines", poursuit la maman de la préadolescente, qui a retrouvé la forme dès le dimanche après-midi. Ce lundi, la jeune fille a pu retourner en classe.

Une habitante de Saint-Denis de La Réunion, le chef-lieu de l'île, décrit un schéma similaire.

"J'ai commencé à être vraiment malade le mardi soir, ça allait beaucoup mieux vendredi et depuis hier (dimanche, ndlr), je suis en rechute, avec une éruption cutanée qui me démange, des douleurs articulaires et une fatigue intense", détaille cette femme qui souhaite garder l'anonymat.

Travailleuse libérale, elle confie: "Je me suis accordée deux jours de repos la semaine dernière mais aujourd'hui, je suis obligée d'y aller".

D'autres ont continué à travailler malgré les symptômes. Un photographe de presse, qui souhaite rester anonyme, a couvert une visite du ministre des Outre-mer Manuel Valls les 5 et 6 avril tout en étant malade.

"J'ai d'abord cru à une allergie, puis à des courbatures. J'avais du mal à tenir mon appareil à cause des douleurs, mais pas assez pour m'arrêter", confie-t-il.

Lançant la campagne de vaccination contre le chikungunya lors de son passage, Manuel Valls avait estimé "qu'entre 50.000, 60.000, 70.000 personnes" pouvaient avoir été atteintes, toutes n'ayant pas déclaré leur contamination.

Aucune des personnes interrogées n'a d'ailleurs réalisé de test sérologique pour détecter le virus: leur médecin ne leur en avait pas prescrit.

Malgré ces chiffres, la situation sanitaire est moins inquiétante qu'en 2005-2006, dernière épidémie en date, qui avait fait plus de 200 morts. Seuls deux décès dus à la maladie ont été recensés.

T.Naim--al-Hayat