

Les Ukrainiens sceptiques quant à la trêve de Pâques promise par Poutine
Alors que les cloches sonnent le dimanche de Pâques à Kiev, des habitants confient à l'AFP ne pas croire que Moscou tiendra parole en observant la trêve annoncée par le président russe Vladimir Poutine.
"Bien sûr, c'est une bonne idée, parce que cela sauvera des vies, au moins celles de nos soldats", a dit Olga Grachova, 38 ans, devant le monastère Saint-Michel-au-Dôme-d'Or, dans le centre de Kiev, où les fidèles orthodoxes sont venus se recueillir par une matinée ensoleillée.
"Mais notre ennemi est si rusé que nous ne pouvons pas lui faire confiance", a poursuivi cette employée dans le marketing, ajoutant qu'elle avait déjà entendu parler de violations de cette trêve.
"On ne peut pas faire confiance aux terroristes", enchaîne Natalia, une infirmière de 41 ans qui n'a pas souhaité donner son nom de famille. "S'ils avaient quelque chose de sacré, ils n'auraient pas tué de civils et n'auraient pas déclenché cette horreur (la guerre)", s'emporte-t-elle.
"J'ai entendu parler d'une telle initiative, mais connaissant notre ennemi, je ne me fierais pas à ces paroles", a dit pour sa part Volodymyr Yaroslavsky, un cadre de 39 ans.
Samedi, Vladimir Poutine a annoncé une trêve de Pâques à débuter le jour même et censée durer jusqu'à 21H00 GMT dimanche, expliquant qu'elle était motivée par des "considérations humanitaires".
Pâques est la fête religieuse la plus importante pour les chrétiens orthodoxes, la principale religion en Ukraine, mais aussi en Russie.
Dimanche, à Kiev, les gens apportaient des gâteaux de Pâques, des "pasky", pour les faire bénir par des prêtres qui les aspergent d'eau bénite.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré que l'Ukraine respecterait la trêve, tout en se réservant le droit de répondre à toute attaque potentielle.
Dimanche, il a accusé la Russie de violer la trêve par des bombardements et des assauts.
Pour sa part, la Russie a aussi accusé l'Ukraine d'attaques de drones et de bombardements et assuré que ses troupes avaient riposté.
Des journalistes de l'AFP ont entendu des explosions dimanche à un peu plus d'une douzaine de kilomètres de la ligne de front dans l'est de l'Ukraine.
Le président Zelensky a affirmé que si la Russie respectait la trêve de 30 heures, l'Ukraine était prête à l'étendre à 30 jours, une proposition précédemment rejetée par son homologue russe.
- "Ce que notre pays veut" -
Des habitants de Kiev ont déclaré accueillir favorablement cette proposition, mais qu'ils n'étaient pas certains qu'elle se concrétiserait un jour.
"Notre président a clairement indiqué que s'ils annonçaient un cessez-le-feu de 30 heures, nous annoncerions un cessez-le-feu de 30 jours. Alors laissons-les faire", a dit Sergiy Klochko, un cheminot de 30 ans.
"C'est ce que notre pays veut (...) pour que cette terrible guerre prenne fin, pour que notre peuple, nos soldats et nos enfants cessent de mourir", a-t-il assuré.
Réticente, Natalia dit ne pas s'attendre à ce que la Russie accepte une trêve de 30 jours.
"Tout ce que nous proposons, malheureusement, reste lettre morte - personne n'y répond", murmure-t-elle. "Je suis favorable à la fin de la guerre et à toute initiative allant dans ce sens. Mais je ne crois pas qu'il y aura une réponse positive de la part de l'autre partie".
De son côté, M. Yaroslavsky dit son scepticisme quant à quelque avancée en faveur d'une future paix.
"La guerre ne s'arrêtera probablement pas, certaines actions de combat pourraient s'arrêter pendant un certain temps. Mais je ne pense pas que la guerre se terminera si rapidement. C'est mon opinion personnelle", a-t-il confié.
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X.Bassam--al-Hayat